Le concept de perversion narcissique ne vous est probablement pas tout à fait inconnu. Et pour cause, le nombre d’ouvrages sur ce thème s’est multiplié ces dernières années tandis que les psychothérapeutes sont régulièrement interpellés sur le sujet dans les magazines, les émissions radio ou les affaires judiciaires. Comment reconnaître un individu qui est pervers narcissique ? Quelle stratégie adopte-t-il pour appâter sa victime ? Quel est le profil type du pervers narcissique et de ceux qu’il fait souffrir ? Comment échapper à une relation d’emprise avec une personne pervers narcissique ? Autant de questions auxquelles il est crucial de répondre lorsque l’on veut cerner au mieux qui se cache derrière ce concept.
La Notion de pervers narcissique
Le terme « pervers narcissique » était un terme inconnu il y a quelques années encore. Paul-Claude Racamier a le premier utilisé cette expression dans les années 1980. Dans le livre « Le génie des origines », il expose ceci à propos des pervers narcissiques : « Ce sont des noyauteurs, pour qui tout est bon pour attaquer le plaisir de penser et la créativité ; pour le pervers narcissique, dominent le besoin, la capacité et le plaisir de se mettre à l’abri des conflits internes et en particulier du deuil en se faisant valoir au détriment d’un objet manipulé comme un ustensile et un faire-valoir ».
C’est Marie-France Hirigoyen qui rend le terme de perversion narcissique populaire dans son livre « Le Harcèlement moral : la violence perverse au quotidien ». Selon cette auteure, « Les pervers narcissiques sont considérés comme des psychotiques sans symptômes, qui trouvent leur équilibre en déchargeant sur un autre la douleur qu’ils ne ressentent pas et les contradictions internes qu’ils refusent de percevoir. Ils « ne font pas exprès » de faire mal, ils font mal parce qu’ils ne savent pas faire autrement pour exister. Ils ont eux-mêmes été blessés dans leur enfance et essaient de se maintenir ainsi en vie. Ce transfert de douleur leur permet de se valoriser aux dépens d’autrui. »
L’expression « pervers narcissique » est la contraction de deux termes. Le mot « pervers » vient du latin « perversus » qui signifie « renversé ». On rapproche ce terme à ceux de cruauté et de méchanceté, voire de déviance. Le pervers est celui qui fait de l’autre son objet afin qu’il satisfasse à sa toute-puissance. L’adjectif « narcissique » s’entend d’une personne qui s’aime à outrance, comme Narcisse dans la mythologie grecque qui tombe amoureux de lui-même en apercevant son reflet dans l’eau. A dose modéré, le narcissisme est naturel et permet l’affirmation de soi.
Le narcissisme des gens atteints par le syndrome de la perversion narcissique est quant à lui pathologique et se traduit par un manque d’empathie patent et même le mépris de l’autre. Le pervers narcissique cumule ainsi tout à la fois des traits narcissiques et pervers, qui peuvent se retrouver selon des proportions variées suivant les individus.
Les Différentes formes de manipulation
Ainsi que le fait remarquer le Dr Roland Coutanceau dans son livre « Faut-il être normal ? », la manipulation est fréquente entre les être humains et si elle est un trait de personnalité du pervers narcissique elle n’est cependant pas suffisante pour le caractériser. Il existe donc une manipulation que l’on pourrait qualifier de « normale » et qui s’exerce occasionnellement.
Elle peut prendre la forme de chantage, de culpabilisation de l’autre, de mensonges. Tous les couples traversent des situations de turbulences et recourent de temps à autres à des mécanismes de défense comme celui de la manipulation. Celle-ci a lieu la plupart du temps de manière inconsciente, pour se protéger ou protéger l’autre, à l’inverse de ce qui vaut pour le pervers narcissique qui manipule dans le but bien précis de dominer et de détruire sa victime.
La manipulation du pervers narcissique est en effet d’une tout autre intensité. C’est la répétition de la manipulation qui fait que l’on a affaire à un individu à qui on peut donner le qualificatif de pervers narcissique. Celui-ci manipule et dénigre de manière continue sa victime. Il fait de sa proie son objet. Pour prendre une image un peu forte on pourrait dire que tel un vampire, il se nourrit de sa victime en la vidant de sa substance vitale.
La manipulation dont use une personne atteinte de perversion narcissique atteint un degré tel qu’elle entraîne la domination totale de celle-ci sur sa victime. Le Dr Roland Coutanceau donne pour exemple particulièrement abouti de pervers narcissique le gourou d’une secte : les victimes des gourous sont entièrement dévouées à celui-ci, qu’elles considèrent comme un dieu et pour lequel elles sont prêtes à (presque) n’importe quelle action. Elles sont entièrement dirigées par le gourou, sous son influence ; à tel point qu’il fait d’elles ses marionnettes.
La Stratégie du pervers narcissique
Certains psychothérapeutes comparent le pervers narcissique à un véritable prédateur. Le prédateur possède une stratégie bien établie afin d’appâter sa proie, de la neutraliser et même pire parfois.
La première étape dans la stratégie du pervers narcissique est celle de la séduction. Le pervers narcissique est un véritable tartuffe. Il saura trouver les mots pour charmer sa victime, en usant de tous les stratagèmes qu’il jugera utiles pour atteindre son but. Un tel individu est sûr de lui et peut se montrer sympathique et charmant pour aborder sa victime. Il cherchera à provoquer l’admiration chez sa proie, en recourant si nécessaire à des mensonges pour plaire et chercher la compassion auprès de l’autre.
Il peut être malaisé dans cette première phase de différencier le vrai prince charmant de l’imposteur. Néanmoins, lorsque tout semble « trop beau » ou « trop parfait », cela peut parfois amener à se questionner sur l’authenticité de la relation entamée. En outre, lorsque l’individu ciblé n’est pas directement subjugué par le masque que revêt le pervers narcissique, il est possible qu’il dispose du discernement nécessaire pour entrevoir que la personne en face d’elle joue en réalité un personnage monté de toute pièce pour mieux le séduire.
La deuxième phase est celle de l’invasion. Le pervers narcissique va fragiliser sa victime et la rendre dépendante de lui. Pour ce faire, il critique, il accuse, il culpabilise, il rabaisse, il insulte. Parfois même, la violence peut devenir physique.
Le pervers narcissique cherchera également à isoler la victime de ses proches et de sa famille afin de mieux asseoir son emprise sur elle. Son besoin de paraître aux yeux des autres et de plaire est insatiable. Il cherchera à séduire les personnes proches de la victime pour les mettre de son côté. Quant à ceux qui ne se laisseraient pas tromper, le pervers narcissique cherchera par tous les moyens à les éloigner de la victime s’il ne parvient pas à les rallier à lui. La victime se retrouve ainsi seule, prise dans un véritable cul-de-sac avec le pervers narcissique.
Cet individu va également s’immiscer dans l’espace personnel de sa victime en l’empêchant de prendre du temps pour elle ou de pratiquer les activités qu’elle affectionne. En somme, il tentera de la couper de tout ce qui fait son épanouissement. La personne atteinte de perversion narcissique a également de hautes exigences envers ceux sous sa coupe et ces derniers déploieront toute leur énergie pour les satisfaire au mieux, bien que celles-ci soient souvent irréalisables. Par conséquent, le pervers narcissique ne sera jamais satisfait de sa victime et lui fera porter le fardeau de la culpabilité, lui assénant qu’elle n’est pas assez bien, qu’elle n’est pas à la hauteur, …
La victime, prise dans les filets du pervers narcissique se démène pour le satisfaire sans jamais y parvenir tandis que la relation s’enlise. Elle cherche à redevenir celle dont elle croit que le pervers narcissique est tombé amoureux au début de la relation, quand tout semblait parfait. Mais elle court après une chimère, le pervers narcissique ne l’ayant jamais aimée pour ce qu’elle est mais pour en faire sa chose. Le cercle est d’autant plus vicieux qu’avec le temps qui passe, la victime perd réellement l’énergie, les qualités, la beauté et la vitalité qu’elle possédait avant la relation toxique. Ce que son bourreau ne manquera pas de lui faire remarquer.
Dans la dernière phase, de destruction, le pervers narcissique a instauré une relation d’emprise sur la personne qu’il maltraite, à savoir une relation de domination comprenant deux caractéristiques : la prise de pouvoir sur l’autre et la déshumanisation de la victime. Le prédateur prend l’ascendant sur sa proie en troublant sa pensée, en déstabilisant ses émotions, en lui faisant faire ce qu’elle ne ferait pas d’elle-même. Une fois son pouvoir de domination mis en place, le pervers narcissique instrumentalise sa proie en niant son humanité fondamentale, ses désirs et ses ressentis.
Si la personne pervers narcissique a l’impression que sa proie lui échappe, elle pourra redevenir par moments affable et charmante comme elle l’était lors de la phase de séduction. A ce stade, la victime est vidée de toute sa substance intérieure. Elle ne sait plus quoi penser et elle a perdu son libre arbitre et son sens critique. Elle doute de tout, baignée dans un climat alternant entre douceur, lorsqu’elle essaie de s’échapper, et méchanceté le reste du temps. Le pervers narcissique use de violence verbale, affective ou physique à son encontre. Il se révèle sous sa face la plus sombre, tandis que son souffre-douleur est brisé, tombant parfois dans la dépression.
Le Profil du pervers narcissique et de sa victime
Il faut le plus souvent remonter à l’enfance du pervers narcissique pour déceler les raisons qui l’ont mené a adopté ce type de comportement. En effet, le narcissisme est emprunt de celui des parents. Souvent, le pervers narcissique a souffert d’un manque d’amour ou d’un manque de limites, notamment d’une carence du lien avec la mère. Le narcissisme de l’enfant d’alors est blessé et il sera en quête constante de reconnaissance. Liée au complexe d’Œdipe, la perversion narcissique toucherait davantage les hommes que les femmes.
Le pervers narcissique a besoin d’être aimé et admiré des autres, tandis que lui n’aime pas. Il dit qu’il aime, mais en réalité il cherche à détruire, vampiriser l’autre. L’autre n’existe pas. Ou s’il existe, c’est uniquement dans le but de flatter son ego. Il prend mais ne donne pas.
Mettre l’autre sous son joug, le manipuler et le détruire, voilà toute la stratégie du pervers narcissique pour asseoir son pouvoir. Il va créer le besoin de sa personne chez l’autre afin de le rendre dépendant. Le pervers narcissique possède une intelligence stratégique et un esprit calculateur visant à prendre l’ascendant sur l’autre. Par sa force de persuasion, il réussit à se rendre indispensable pour sa victime. Il pousse les victimes à accepter tout ce qu’il veut, y compris lorsque cela va contre leur volonté intime et morale. Quant à lui, il veillera à ne jamais dépendre de l’autre et à ne jamais se sentir inférieur à l’autre.
Cette catégorie de personne cherche en continu à provoquer la culpabilité chez sa cible. Son instrument de destruction est la parole. Un outil redoutable. Ainsi que le relève Pierre Desproges, « Un mot qui vient bien, ça peut tuer ou humilier sans qu’on se salisse les mains. Une des grandes joies de la vie, c’est d’humilier ses semblables. »
Le pervers narcissique est un manipulateur : c’est-à-dire qu’il réussit à induire l’autre à se comporter de manière à favoriser ses propres intérêts. Il trompe son monde et c’est donc difficile de déceler ses mensonges pour les personnes de l’extérieur. Et même s’il venait à être découvert, cet individu niera la vérité. Par d’habiles pirouettes, il réussira même la plupart du temps à se placer en tant que victime et à renverser ainsi la situation : sa victime a tort et il lui fait porter le fardeau de la culpabilité.
Une personne perverse et narcissique pourra également se montrer très affable pour appâter sa proie. Elle sait se faire aimer et jouer quelqu’un qu’elle n’est pas pour séduire. Elle revêt un masque en société, se comporte tout à fait normalement et peut même s’apparenter à la politesse incarnée. C’est souvent un personnage brillant.
Sur le plan sexuel, le pervers narcissique a besoin de savoir qu’il est un bon amant. Il amènera la partenaire à se dépasser et lui fera découvrir de nouvelles pratiques. Il peut dans certains cas extrêmes se montrer violent et la contraindre à des actes qu’elle refuse.
Parmi les victimes, on trouve des personnalités sensibles qui manquent souvent de confiance en elles. Des gens en quête d’amour ou souffrant de dépendance affective sont plus sujets à tomber dans les filets du pervers narcissique.
Les victimes ont la plupart du temps en commun avec leur bourreau une faille narcissique que ce dernier n’hésitera pas à exploiter. On peut remonter à l’enfance de la victime pour tenter d’expliquer cette faille intérieure. La pratique a montré que certaines victimes ont eu une mère absente ou rabaissante qui n’a pas su ou pu combler le besoin de sécurité nécessaire au bon développement de l’enfant ce qui faire naître plus tard une peur de l’abandon rendant la personne plus vulnérable face à un pervers narcissique.
Les pervers narcissiques ne réussissent pas à manipuler tous ceux qu’ils souhaiteraient. Ils réussissent à instaurer une relation d’emprise avec certaines proies, mais pas avec d’autres. Ils échouent donc dans un certain de nombre de cas face à des personnes qui ne vont pas se laisser manipuler car elles possèdent suffisamment d’assurance pour ne pas se laisser embobiner par le pervers narcissique et voir clair dans son jeu.
On dépeint souvent les victimes du pervers narcissique comme étant généreuses, aimables, protectrices, candides. Le pervers narcissique jette son dévolu sur des personnes qui sont riches intérieurement. Celles-ci possèdent la plupart du temps beaucoup de qualité et une fraîcheur de vivre que le pervers narcissique envie et cherchera à s’approprier.
Souvent, les victimes refusent de voir la réalité en face ; elles ne se considèrent pas comme sous emprise et chercheront des excuses au pervers narcissique qui partage leur vie. Elles se considèrent comme fortes, intelligentes. Lorsqu’enfin ces personnes se rendent compte que la situation qu’elles vivent n’est pas normale et qu’elles se décident à consulter, elles doutent de tout, ne savent plus quoi penser et sont souvent déprimées.
Que faire face lorsqu’on se retrouve dans une telle situation ?
La relation avec un pervers narcissique a des répercussions sur la vie de la victime tant au niveau personnel que social et relationnel. Au niveau personnel, c’est la santé mentale de la victime qui peut être atteinte. A force d’être rabaissée, elle perd toute confiance en elle-même, doute en permanence. Elle développe aussi fréquemment une peur envers le bourreau qui la martyrise. De par son harcèlement continu et ses exigences qui ne peuvent être satisfaites, le pervers narcissique rend sa proie de plus en plus vulnérable et provoque en elle un stress permanent pouvant la mener jusqu’à l’épuisement. Dans les cas les plus graves, la victime tombe en dépression.
Au niveau social, coupée de ses amis et de sa famille que la personne la martyrisant aura pris soin d’éloigner d’elle, la victime se retrouve souvent seule. Seule avec son bourreau. Le pervers narcissique contraint aussi souvent sa victime à quitter son travail ou son réseau personnel, ce qui a pour conséquence de l’isoler un peu plus.
Au final, le pervers narcissique tentera de couper sa victime de tous ses centres d’intérêts et donc de casser les liens qu’elle avait noués en société. Il est ensuite difficile pour celle-ci d’entrer à nouveau en contact avec le monde qui l’entoure une fois sous emprise.
Pour éviter de se laisser entraîner dans une relation avec une personne caractérisée par de la perversion narcissique et en éviter les pénibles conséquences, il existe quelques précautions à prendre, que ce soit au début d’une relation ou durant les années de vie communes.
Il est plus aisé de déceler un pervers narcissique au commencement de la relation. Etre à l’écoute de soi-même au début de la relation permet parfois de détecter précocement les syndromes cette maladie. Il peut s’agir par exemple d’un sentiment étrange ou d’un malaise que la victime ressent en présence de son prédateur. Sans développer une méfiance démesurée envers l’autre, être attentif à son ressenti, à ses impressions permet parfois d’échapper à ce genre de relations toxiques.
Lorsque la relation d’emprise est bien établie, le premier pas vers la libération est la prise de conscience du caractère néfaste de la relation. C’est un moment fort désagréable : celui des désillusions. La victime se rend compte qu’elle a été flouée et son ego en prend un coup lorsqu’il faut s’avouer victime. Certaines victimes ont honte de s’être fait avoir. Il est pourtant nécessaire de l’accepter et de rompre le lien avec le pervers narcissique.
Plus le temps passe, plus il devient difficile d’échapper à un pervers narcissique. La personne en souffrance pourra se tourner vers l’extérieur pour trouver l’aide dont elle a besoin : une personne de confiance ou un professionnel de la santé qui pourra la soutenir dans cette épreuve. Mettre de la distance avec un autre néfaste, permettra à la victime d’entamer un travail sur elle pour se reconstruire, retrouver sa dignité, son estime, son sens critique ; en somme sa liberté !
C’est une étape douloureuse mais salvatrice ! La parole libérera la victime du poids de cette relation. Le chemin qui y mène sera plus ou moins long en fonction de l’emprise que le pervers narcissique a eu sur la victime, de l’ampleur du chaos qu’il aura eu le temps de semer en elle et bien entendu de la propre capacité à rebondir de chacun face aux événements douloureux de la vie. Se libérer de ce type de relations demande de l’énergie. Or la victime est souvent épuisée et vidée de sa substance. Renouer avec soi-même prend du temps.
Si l’on peut donner un dernier conseil à tous ceux qui pourraient avoir vécu ou vivent ce genre de situation pénible, ce serait celui de ne pas chercher d’explications au comportement d’un pervers narcissique, de ne pas chercher à vouloir sa guérison, de renoncer à comprendre pourquoi on est tombé sur cette personne-là et pourquoi on s’est comporté de la sorte avec elle. Pour tourner la page, il faut réellement passer à autre chose, se tourner vers l’avenir sans ressasser sans cesse cette relation douloureuse.
Suis-je la proie d’une personne atteinte de perversion narcissique ?
Faites le test en répondant par l’affirmative ou la négative aux questions et affirmations ci-dessous.
- Vous sentez-vous étouffé-e par votre partenaire ? Vous sentez-vous non libre de vos actions ?
- Votre partenaire a plutôt tendance à vous trouver des points faibles, des défauts que des qualités. Est-ce qu’il/elle vous rabaisse continuellement ?
- Votre estime de vous-même a diminué depuis que vous le/la fréquentez.
- Quoique vous fassiez, vous ne vous sentez jamais à la hauteur de ce qu’il/elle attend de vous.
- Votre conjoint-e est une personne estimée auprès de votre famille et de vos proches. Il/Elle se comporte différemment envers vous à la maison qu’envers les autres lorsque vous sortez.
- Vous vous êtes coupé-e de vos amies depuis que vous êtes avec lui/elle. Vous ne les voyiez plus, ou beaucoup moins. Votre conjoint-e accapare votre temps.
- Prends-il /elle en compte votre avis, vos envies ?
- Comment prend-il/elle les remarques que vous lui faites ? Les accepte-t-il/elle ? Se remet-il/elle en question ? Est-il/elle prêt à discuter de ce qui ne va pas dans votre couple et de faire des concessions, d’accepter de changer ?
- Est-ce qu’il/elle se montre par moment soudainement affable au point que vous ne le/la reconnaissez pas ? Est-ce que vous avez parfois l’impression d’avoir un-e conjoint-e possédant une double personnalité ?
- Etes-vous heureux-se avec votre partenaire ?
Si vous répondez positivement à la majorité de ces questions et affirmations, il est possible que vous soyez la victime d’un pervers narcissique. Parlez-en à une personne de confiance proche de vous ou à un professionnel de la santé.
Conclusion :
Un couple est formé d’un « moi » et d’un « toi ». Dans un couple sain et épanoui, l’addition du « moi » et du « toi » donne comme solution un « nous ». Avec le pervers narcissique, l’addition du « moi » et du « toi » ne donne pas un « nous » mais bien plutôt un « moi » exacerbé : celui du pervers narcissique qui absorbe le « toi » de la victime.
Former un couple avec quelqu’un de pervers narcissique est impossible et mène à la destruction de la victime. C’est pourquoi il est essentiel de savoir repérer ce genre de personnes pour briser leur pouvoir de nuisance et éviter de tomber dans leur piège et d’en payer les lourdes conséquences.
Lorsque le pervers a déployé son emprise sur sa victime, il devient alors beaucoup plus difficile de s’en sortir. Mais avec l’aide de proches ou de professionnels, il est possible de trouver les ressources en soi nécessaires à se sortir d’une telle relation empoisonnée.
Il ne faudrait cependant pas voir des pervers narcissiques partout. La vie n’est pas un long fleuve tranquille et les mensonges, la manipulation, l’infidélité peuvent s’immiscer dans de nombreux couples à des degrés divers sans qu’il n’y ait forcément un des partenaires qui soit un pervers narcissique. Il serait triste de passer à côté de belles relations en s’installant dans une sorte de méfiance, voire de paranoïa face aux autres.
De même, il serait dommageable de s’éloigner de son partenaire en voyant en lui un pervers narcissique à la moindre dissension. Les conflits dans une relation d’égal à égal peuvent être réglés et permettre d’avancer sur des bases saines. Ce n’est pas le cas d’une relation avec un pervers narcissique qui ne s’excusera jamais et reprochera à l’autre les travers qui sont les siens.
Si les mauvaises rencontres, les échecs sentimentaux représentent des étapes douloureuses dans une vie d’adulte, ils sont aussi des possibilités de mieux se connaître, de sortir d’un schéma comportemental, de grandir et de s’accomplir. Comme nous l’avons exposé, le pervers narcissique ne s’attache pas à n’importe quelle proie. Il sait détecter les failles en elle et en user à son escient. Ce sont ces failles, cet amour-propre blessé qu’il s’agira de panser chez la victime afin qu’elle devienne plus sûre d’elle et qu’elle ne soit plus sujette à retomber dans les affres d’une liaison douloureuse.
Apprendre à reconnaître ses limites, ce que l’on veut et ce que l’on ne veut pas pour soi est également important dans la démarche de reconstruction de soi. Ces relations toxiques peuvent ainsi constituer un tremplin vers une vie plus épanouie et une meilleure connaissance de soi-même et des autres.
Cet article s’inspire des ouvrages suivants :
- Pascale Chapaux-Morelli / Pascal Couderc, La manipulation affective dans le couple – faire face à un pervers narcissique, 2010
- Valérie Le Goff-Cubilier, Comment survivre au mariage avec un pervers narcissique – Les épouses du Roi-Soleil, Chêne-Bourg 2013.
- Jean-Charles Bouchoux, Les pervers narcissique – Qui sont-ils, comment fonctionnent-ils, comment leur échapper ?, 2e éd., Eyrolles 2013.
- Gérard Pirlot / Jean-Louis Pedinielli, Les perversions sexuelles et narcissiques, 3e éd., Paris 2013.
- Dr Rolan Coutanceau, Faut-il être normal ?, Neuilly-sur-Seine Cedex 2014.
- Anne Clotilde Ziégler, Pervers narcissiques, bas les masques !, France 2015
Tres intéressant.merci. Toujours pas entendue, toujours pas guérie (je n ai pas trouvé le bon psy ?). Aucune place dans ma nouvelle vie pour me reconstruire et pourtant j en ai vraiment besoin. Puisque quand je lis cet article (après 2 an de rupture) j en viens spontanément à me demander si ce n est pas moi la perverse (?!?!?!). combat ? = liberté