Je me sens coupable. Que faire?

Une définition de la culpabilité

culpabilitéLe sentiment de culpabilité est pluriel. Chacun le sait, sans toujours en être conscient: il y a culpabilité et culpabilité. Le dictionnaire Larousse nous donne cette définition:

“culpabilité: sentiment de faute ressenti par un sujet, que celle-ci soit réelle ou imaginaire” (www.larousse.fr).

Toute culpabilité n’est donc pas nécessairement reliée à une cause fondée. Ce sentiment négatif peut nous prendre lorsqu’on a l’impression d’avoir fait quelque chose de mal : blessé une personne proche, par exemple, ou causé du tort de manière générale. Cependant, cette impression peut parfois se révéler fausse.

Indépendamment de la situation, se sentir coupable n’est jamais agréable. Pour apprendre à se débarrasser de ce sentiment, on peut premièrement résoudre cette question: ma culpabilité est-elle justifiée ou non?

À quoi sert la culpabilité?

Si la culpabilité existe, c’est dû à un ensemble formé par nos croyances, notre sens de la moralité, notre empathie, ou encore le regard des autres. Le sentiment de culpabilité a aussi un but: nous rendre meilleurs. Dans un monde régi par les lois de la jungle et où la culpabilité n’existe pas, qu’est-ce qui me retiendrait de faire du mal aux êtres autour de moi?

Culpabiliser, c’est s’assurer qu’on révise notre comportement et qu’on tâchera de faire mieux la prochaine fois. Le développement personnel, qui dans nos sociétés occidentales représente souvent l’un des objectifs les plus importants d’une existence, érige l’échec au rang de moteur de l’apprentissage. Pour apprendre de ses propres échecs, il faut en prendre conscience – et c’est en cela que la culpabilité peut être utile.

Cela dit, il est clair que ce processus mental et moral n’est bénéfique que lorsqu’on a affaire au premier type de culpabilité: celle qui est justifiée. Dans ce cas-là, la culpabilité est une sorte de punition que nous nous infligeons suite à un comportement que nous estimons mauvais, de par sa nature ou ses conséquences sur nous ou sur autrui. Elle entraîne un malaise profond, un jugement de soi négatif et une introspection pouvant mener à de bonnes résolutions.

Quand la culpabilité devient-elle néfaste?

Le psychanalyste français Pierre Daco, auteur de l’ouvrage Les Voies étonnantes de la nouvelle psychologie, a écrit: « La chance ou le bonheur se transforment en culpabilité, entraînant dans leur sillage tout ce qui est positif ».

Se sentir coupable après avoir mal agi, c’est sain. Lorsque le sentiment dure, toutefois, il peut nous obnubiler et nous empêcher d’avancer. Il devient alors un véritable gouffre énergétique. Sa fonction de base, très utile, est pervertie: la culpabilité n’est plus là pour nous aider à nous construire, elle n’est plus qu’une preuve flagrante de nos erreurs passées.

Elle peut également entraîner la honte et nous pousser à éviter la confrontation. Si, par exemple, je me sens coupable d’avoir mal parlé à un collègue de travail, je peux tout mettre en œuvre pour ne pas le croiser. Pourtant, si j’analyse mon sentiment, je me rends compte que la culpabilité est là pour m’aider à agir mieux et à réparer les torts commis. Une meilleure réaction serait de volontairement aller parler à ce collègue et de lui présenter mes excuses ou lui expliquer les raisons de mon comportement.

Que faire lorsque la culpabilité me ronge?

Avant de combattre un sentiment de culpabilité, nous devons apprendre à reconnaître sa nature fondée ou non. Imaginons quelques situations:

  • Je me sens coupable d’avoir parlé durement à mon enfant;
  • Je me sens coupable de mon succès professionnel quand je vois des gens travailler dur pour un salaire de misère;
  • Je me sens coupable d’avoir quitté mon/ma partenaire, car il/elle se retrouve seul-e et déprimé-e;
  • Je me sens coupable de passer devant le stand d’Amnesty International sans m’arrêter alors qu’on a essayé de m’aborder;
  • Je me sens coupable de ne jamais avoir offert mon attention à ce camarade de classe qui s’est récemment suicidé.

Ces cas diffèrent les uns des autres, nous le remarquons intuitivement. Les aspects essentiels qui distinguent ces cas sont:

  • la réalité de la culpabilité;
  • la part de responsabilité;
  • la gravité des conséquences;
  • le choix face à la situation.

Nous nous sentons parfois coupables sans raison, comme dans le cas de la personne qui a du succès et s’en veut; il y a ici une confusion entre la culpabilité et le sentiment d’empathie. Se dire “je ne suis pas coupable” ne revient pas à se moquer de la mauvaise situation d’autrui.

Parfois, nous surestimons notre part de responsabilité: si mon ancien camarade de classe s’est suicidé, ou si mon ex-partenaire est déprimé, cela est certainement dû à plusieurs facteurs; j’ai peut-être joué un rôle dans le déroulement des événements, mais je n’en suis pas entièrement responsable. Il est aussi courant de surestimer la gravité de la situation. Élever une fois la voix avec mon enfant ne l’affectera peut-être que quelques minutes seulement; exercez-vous à relativiser, et concentrez-vous sur la leçon apprise, dans ce cas: “Je ne veux plus avoir recours à ce type de communication agressive, la prochaine fois je m’efforcerai de garder mon calme.”

Souvent, nous culpabilisons parce que nous avons fait le mauvais choix; mais un autre choix était-il possible? Dans le cas d’Amnesty International, il est probable que je me retrouve dans une situation semblable. Grâce à la culpabilité éprouvée la dernière fois, j’aurai eu l’occasion de réfléchir à ma réaction quand on m’abordera à nouveau. Est-ce que je ferai un autre choix cette fois?

Nous n’essayons pas ici d’annuler, d’effacer toute culpabilité. Car si elle est totalement absente, les limites du respect et du comportement juste deviennent floues, favorisant l’adoption d’une attitude antisociale. Cependant, si elle est au contraire trop présente, la culpabilité devient un frein à notre épanouissement.

L’objectif, c’est donc de limiter le sentiment à son utilité et de le neutraliser dès qu’il dépasse cette limite.

Un exercice pour déculpabiliser

Si vous vous êtes senti-e coupable récemment, vous pouvez réaliser ce petit exercice d’introspection chez vous, au calme, la tête froide. Pensez à l’action ou au manque d’action qui a provoqué en vous ce sentiment de culpabilité dont vous souhaitez vous débarrasser.

L’une après l’autre, posez-vous les questions suivantes et tâchez d’y répondre avec toute l’honnêteté possible:

  • Est-ce que je me sens coupable, ou est-ce qu’il s’agit plutôt d’empathie?
  • S’il s’agit bien de culpabilité: est-ce que j’avais réellement le choix de me comporter ainsi? Aurais-je pu faire mieux? Quelle serait ma réaction idéale si la situation se présentait à nouveau?
  • Est-ce que je porte l’entière responsabilité de la situation dont je me sens coupable? Ou d’autres facteurs ont-ils joué un rôle?
  • Quelle est la gravité de la situation? Est-il possible de relativiser son importance?
  • Que je sois seulement empathique ou que je porte la totale responsabilité de la situation, est-ce que je peux contribuer à la “réparation” de la situation en apportant mon aide, mon soutien, de sincères excuses ou une promesse de faire mieux?

En répondant à ces interrogations, vous avez défini la nature de votre sentiment, le type de culpabilité, ainsi que la gravité de vos actes, de vos paroles ou de votre inaction.

En réfléchissant à la manière de mieux agir et de réparer les conséquences de vos faits, vous garantissez l’utilité de votre culpabilité. Vous pouvez maintenant vous en défaire: elle a accompli sa mission, vous aurez maintenant besoin de toute votre énergie pour vivre dans le présent et tâcher d’être une meilleure personne dans le futur.

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