L’égocentrisme: un mal pour un (très gros) bien

L’égocentrisme, c’est quoi?

égocentrismeL’égocentrisme, littéralement “soi au centre” et par extension “moi au centre”, est une part innée de la nature humaine. Pour des besoins de préservation de soi, nous avons une tendance naturelle à ramener les choses à nous.

Bien que naturelle, cette tendance peut porter à conséquence sur notre vie de tous les jours, surtout si elle devient de l’égoïsme (voir plus loin). En effet, être égocentrique de manière un peu trop extrême peut poser des problèmes, surtout dans la vie sociale et familiale. Pourrait-on dire que nous devrions en théorie faire passer le groupe avant soi?  Quelle que soit la réponse, ce n’est pas à première vue notre penchant.

Nous avons besoin de penser à nous pour nous préserver et aussi pour satisfaire à tous nos besoins. Plus tôt dans l’évolution, il s’agissait en premier lieu de besoins alimentaires. Aujourd’hui, on peut plus parler de temps partagé ou de présents.  Bien que cela peut porter à préjudice, il faut pouvoir rester égocentrique. Mais avec modération tout de même ! Voilà pourquoi:

Moi avant toi, pour nous

Penser à soi, c’est assouvir ses propres besoins pour mieux être dans le présent. Satisfaire ses besoins en priorité va permettre de nous libérer du temps et de l’attention pour les autres.

Prenons une situation que nous avons tous sûrement déjà connu: je suis fatigué par mon travail et j’ai absolument besoin de prendre une demi-journée pour moi. D’un autre côté ma compagne me reproche de ne faire que peu d’activités et de sorties avec elle. Je passe donc tout mon temps libre avec elle en faisant passer mes besoins au second plan. Ce faisant je ne suis pas pleinement disponible pour elle, car je reste fatigué et j’aurais eu avant besoin d’une période pour récupérer.

La bonne réaction serait d’expliquer à ma compagne mes besoins tout en lui faisant comprendre qu’après cela je serai pleinement disponible pour elle. Un outil utile à ce sujet peut être la Communication non violente de Marshall Rosenberg. Cette démarche passant par quatre étapes (observation sans jugements, sentiments, besoins et finalement demande), est une aide pratique afin de communiquer plus sereinement. Et si je prends en premier un peu de temps pour moi, je serai premièrement content de faire une activité agréable avec elle, et deuxièmement plus ouvert à apprécier ce moment ensemble.

Ce principe se rapproche beaucoup des enseignements de la pleine conscience: être dans le moment présent demande de ne pas avoir une petite voix qui nous rappelle que l’on a besoin de repos.

N’est-ce pas mieux de privilégier la qualité à la quantité?

Mais je ne suis pas seul dans ce monde

Être modérément égocentrique est aussi important pour percevoir sa place dans un environnement. Car être bien centré demande de savoir exactement qui nous sommes et quels sont nos buts et nos capacités. La méditation est un excellent outil pour se donner une définition: de ce que l’on est et vers qui on aspire. Être égocentrique, c’est être conscient de soi.

Vivre dans le présent est une question d’équilibre. Il s’agit d’être centré sur soi mais en même temps prendre soin de son environnement et pouvoir prendre avec légèreté ce qui nous arrive.

Exercice de pensée: “ Je m’observe”

Imaginez vous, assis en tailleur sur le sol dans un endroit calme qui vous plaît. Cela peut être un sommet de montagne, une pièce de votre maison que vous appréciez, …

Devant vous se trouve un puzzle à demi complété. Le centre de celui-ci est complété mais pas le reste. Autour de vous ne se trouve aucune pièce pour le terminer.

Cette illustration de vous, c’est votre moi, votre égo. Chaque pièce est une “chose” que vous avez vécu et que vous avez intégré à votre “moi”.

Le centre du puzzle complété représente toutes les choses que vous avez vécu et donc votre position dans votre vie actuellement. A chaque fois qu’une expérience de vie est vécue par vous, une pièce tombe dans les mains de votre soi.

Par exemple, si vous passez une excellente soirée à discuter avec une personne que vous ne connaissiez pas, vous avez une nouvelle pièce à placer. C’est un souvenir, une marque mnésique de ce moment. Cette pièce vient ainsi élargir votre soi. C’est là qu’intervient l’égocentrisme. La personne assise en tailleur, vous, doit se demander où placer cette pièce: “Où s’emboîte-t-elle ?”. Elle peut aller avec tous les bon souvenirs de soirée que vous avez vécu. Elle peut aussi se placer dans la région de puzzle en accompagnant toutes les personnes que vous appréciez. A vous de voir et de décider selon vos sentiments.

Mais attention, tout ne rentre pas forcément dans le puzzle. Il peut vous arriver des choses qui ne sont pas conformes à ce que vous êtes.

Imaginons que  vous recevez une contravention pour excès de vitesse alors que vous aspirez à être un(e) conducteur/trice prudent(e). Que faire avec cette pièce? Prenez-en connaissance, acceptez-la, tâchez de vous en souvenir pour des moments utiles, puis mettez-la de côté. Celle-ci n’est pas vous et vous ne voulez pas être ce qu’elle représente.

Tout comme dans la méditation en pleine conscience: si une pensée vous passe par la tête acceptez-la sans la juger, puis laissez-la disparaître d’elle-même comme un nuage passant dans le ciel.

Et les autres alors?

Savoir être centré sur soi ne veut pas dire ignorer les autres. D’ailleurs nous sommes si développés empathiquement que parfois nous “sommes” les autres.

Imaginez vous dans votre cuisine en train de préparer un repas avec une personne que vous connaissez bien. Pendant qu’il/elle coupe les courgettes, vous lavez les tomates. Quand tout à coup votre ami/e crie et nous montre qu’il/elle s’est coupé un bon bout de peau de son pouce. Ne ressentez-vous pas un frisson et “mal pour lui/elle”. Ceci est un mécanisme inné de protection de l’autre. L’humain est ainsi fait que lorsqu’il est face à quelqu’un qui ressent quelque chose, il en sera le miroir. Donc vous souffrez réellement pour votre ami/e. Cela peut même se ressentir de manière physique !

Cette souffrance que vous ressentez n’est pas simplement mentale. Si nous vous faisions passer un IRMf, nous observerions la chose suivante: la région activée par la douleur réelle (si vous vous coupez vous même le doigt) est exactement la même que celle qui est activée quand vous voyez quelqu’un (ici votre ami) se blesser.

Cela veut donc dire la chose suivante: je ressens pour les autres et donc aussi vis-à-vis de moi. Rendre les autres heureux me rendra aussi sensiblement plus heureux. N’avons-nous pas tous été déçus de voir que notre cadeau ne plaît pas à qui le reçoit. Nous sommes presque aussi déçu que lui. Mais quand le cadeau est le bon, nous sommes si content avec celui qui le reçoit que la joie en est décuplée par son partage…

Si nous donnons à nos proches et au monde de belles choses, nous allons en recevoir autant. Car donner sans rien attendre en retour et aussi une manière de recevoir. Chaque belle chose deviendra une nouvelle pièce qu’on pourra placer dans le puzzle. Ce modèle est proche de celui du karma ; simplement que celui-là est immédiat.

Donc être égocentrique, c’est pas mauvais ?

Il ne faut pas confondre être un égocentrique modéré et être un égoïste. Une personne égoïste est quelqu’un qui ramène tout à soi. Et il est préférable d’éviter de tomber dans cette spirale. Au contraire de cela, un égocentrique qui n’est pas dans l’excès, peut s’ouvrir sur les autres et à tout ce qu’ils leur est possible d’offrir. Simplement ce dernier sait qui il est et où il va. Il se sentira libre de refuser une opportunité car elle ne correspond pas à son idées de lui-même. Cette pièce ne rentre pas dans mon puzzle.

Un égoïste est au final une personne qui ne sais pas se décentrer d’elle-même. Nous voyons cela très bien chez les enfants. Imaginez que vous contez l’histoire suivante à un petit enfant: “ Le petit Max est aller faire des courses avec sa maman. Ils ont acheté une plaque de chocolat. En aidant sa maman à ranger les courses, Max mit la plaque dans une boîte de rangement rouge. Puis Max est sorti jouer au football avec Samuel. Entre-temps, la maman de Max a fait un gâteau au chocolat. Elle a utilisé une partie de la plaque et l’a ensuite rangée dans une autre boîte, cette fois-ci bleue. Max revient ensuite du foot et a très envie de chocolat. Quelle boîte va-t-il ouvrir pour cherche le chocolat ?”.

On observe deux stades chez les enfants: ceux qui ont moins de 7 ans vont en général répondre que Max va aller chercher dans la boîte bleue. Ceci parce qu’ils ne savent pas se décentrer ; c’est à dire qu’il ne savant pas se mettre dans la peau de Max. Ils sont foncièrement ancrés dans leur perspective. Au delà de 7 ans on observe  que les enfants donnent la bonne réponse, soit la boîte rouge. Ils ont appris à changer leur perspective et à comprendre ce que Max ressent. Donc à faire preuve d’empathie.

Il s’agit donc de bien balancer la centration sur soi et l’ouverture à la perspective de l’autre pour être une personne égocentrique modérée et ouverte. Il est souvent judicieux de savoir se mettre à la place d’autrui, dans une conversation par exemple (voir conseils ci-dessous). Et c’est ainsi que vous obtiendrez le plus d’informations sur ce que vous raconte votre interlocuteur et que vous pourrez le mieux relier ces éléments et ce que ressent la personne en face à vous.

Comment ne pas tomber dans l’égoïsme alors ? Voici quelques conseils pratiques:

  • Ecoutez: dans une conversation essayez d’être celui qui pose les questions. Puis écoutez. Il ne s’agit pas d’entendre, mais d’écoutez vraiment.
  • Pratiquez l’écoute active : soyez attentif et n’interrompez pas ; essayez de reformuler ce que votre interlocuteur vous a dit pour être sûr d’avoir bien compris ; tâchez également de comprendre ses émotions et de les refléter dans vos réponses. La personne avec laquelle vous conservez ne pourra que vous en être reconnaissante et essayera également naturellement de vous rendre la pareille !
  • Apprenez: absorbez ce que l’autre vous dit, faites le lien avec vous intérieurement, sans pour autant donner votre avis en coupant votre interlocuteur. Mettez-vous dans sa peau et tentez de comprendre ce qu’il a dû ressentir. Comprenez que c’est une chance de pouvoir communiquer avec la personne pleinement dans le moment et apprendre de ses propres connaissances et de son vécu.
  • Partagez: offrez vos expériences en répondant aux propos de celui avec lequel vous parlez. Donnez-lui votre ressenti et surtout relancer le sujet a partir de vos observations.
  • Questionnez: osez demander aux gens. Nous sommes tous très enclin à donner notre avis. Une fois que vous avez posé la question, il est important d’être bien présent à la réponse sans chercher déjà ce que l’on va dire ensuite.
  • Entourez-vous: n’hésitez pas à sélectionner les gens avec lesquels vous gardez contact. S’il vaut toujours la peine de rencontrer de nouvelles personne, celles-ci ne nous correspondent pas forcément à chaque fois. Analysez votre relation en fonctions de votre soi, de là ou vous êtes et de là ou vous voulez aller.
  • Mais ne vous enfermez pas: restez ouvert à tous les nouveaux contact, chaque personne sur cette terre est unique et peut par conséquent vous apporter quelque chose !

Exercice: introspection

Nous vous invitons à faire un peu d’introspection. Cette méthode est utilisé en psychologie et permet aux gens d’analyser un peu plus clairement leurs pensées.

Nous pensons tout le temps. D’ailleurs cette petite voix dans notre tête semble être bien plus réelle que vous le pensez. Des recherches récentes ont montré que cette voix interne que l’on entend si souvent nous parler, semble être perçue par notre cerveau de la même manière que si c’était une personne qui parle à côté et que l’on entendrait véritablement avec nos oreilles. Encore plus impressionnant: il semble que cette petite voix a la même voix que la nôtre. Alors si elle est si proche de soi, pourquoi ne pas l’écouter un petit peu ?

Le train de la pensée est souvent mis de côté, mais il est la porte d’entrée vers soi. Il vaut parfois la peine de s’écouter et surtout d’accepter que ce flux de pensées est tout à fait normal. Lors de moments libre, par exemple dans le train ou lors de vos trajets quotidiens, essayez d’écouter ce que vous vous dites à vous-même. C’est aussi cela se centrer sur soi et apprendre à mieux se connaître.

Écoutez-la attentivement mais surtout essayer de ne pas interférer avec elle. Par exemple, elle pourrait commencer par quelque chose comme: “C’est un bien bel arbre”. Laissez-la dériver. On pourrait ensuite entendre  des choses comme “ Il ressemble un peu au pommier de chez pépé. Et il faisait de si bonnes tartes avec les pommes de cette arbre. Je me souviens de l’odeur de la tarte dans le four. D’ailleurs il le chauffait au bois ce four. Ah je ferait bien un feu dans la cheminée ce soir, d’ailleurs ça fait longtemps que je n’ai pas invité les copains/copines. Et si on se voyait autour d’une bonne tasse de thé autour d’un feu de camps ce soir….”. Bien sûr, c’est sans fin. Mais comme le montre cet exemple, se centrer sur soi, être égocentrique, peut paradoxalement nous renvoyer vers les autres.

Conclusion:

Quand nous parlons d’égocentrisme, nous avons immédiatement une image négative de personne renfermée et brusque qui nous vient à l’esprit. Toutefois, prenons le temps de bien nous centrer sur nous-même, et d’être modérément égocentrique. C’est une étape nécessaire. Une fois complétée, elle nous permettra de nous ouvrir aux autres tout en sachant exactement qui nous sommes et comment nous allons placer toutes ces expériences dans notre grand puzzle personnel. Tout cela pour devenir soi-même plus mûr et en faire profiter tous les gens qui gravitent près de nous.

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